De Rembrandt à la peinture abstraite PDF Imprimer Envoyer

(Catherine Sabadel)

Au départ, une activité. Pourquoi celle-ci et pas une autre ? Alors là, je ne sais pas. Peut-être le dessin en a t-il été le déclencheur ?
Quoi qu'il en soit, cela était un divertissement. Enfin, au départ, car au fil du temps je me suis sentie accrochée par le côté créatif : j’étais mordue !
Pourtant, je n’avais pas fait d’étude dans cette direction. Peut-être était-ce alors une revanche personnelle ? Qui sait ?


Mon apprentissage avançait, et je rencontrais des personnes sur mon chemin qui me rendaient interrogative sur la peinture et sur tout ce qui l’entourait.
Ce cheminement m'a fait me tourner vers la peinture abstraite, qui me procure une grande liberté. Il y a quelques années, j’ai fait la connaissance de Rembrandt. Cela a été pour moi une véritable révélation. Tout de suite j’ai aimé ses œuvres. La lumière qui se dégage de ses peintures, ses nombreux autoportraits, j’étais en admiration devant son style. Il n’y avait pour moi qu’une chose à faire, c’était son portrait au fusain. Le résultat me plaisait beaucoup.  Rembrandt assurément m’a appris à regarder les tableaux différemment, je suis plus perceptive, plus
sensible aux œuvres de certains peintres, à ce qu’ils veulent nous faire ressentir. Mais ce fut à ce moment que j’ai approché l’abstraction. Je décidai d'en appliquer les principes sur ce portrait : il me fallait poser de la matière. Que de questionnements, d’hésitations survinrent alors : ce visage allait disparaître ! Mais non ! Il allait se fondre pour devenir un ensemble, une oeuvre. C’était mes premiers pas. C'eqt dans cette peinture que je me réalise. Le travail va devenir moi en tant qu’image et va fixer mon reflet à un certain moment de ma vie. Ce dernier est un amalgame de sentiments, d’impressions qui me sont personnels, intimes, à cet instant.

La façon dont apparaissent mes oeuvres n'a rien de systématique.
Il y a quelques temps de cela, j’ai peint deux tableaux, l’un à la suite de l’autre. J’avais les titres avant de commencer les toiles. (Cela ne m’arrive
pas souvent) Ainsi pour le premier, c’est la présence d’un être qui faisait partie de ma vie, qui m’est venue à l’esprit. Sa pensée flottait toujours près de moi, mais ce jour là, c’était devenu impératif, sa présence devait être peinture. J’ai commencé à la travailler sans hésitation, elle était là,
vigoureuse comme lui, sûre. J’appliquais la peinture avec calme, à l’aise sur la toile. Il me fallait une tache légèrement en retrait, nécessaire pour
compléter mon tableau, qui équilibrait le tout. Etait-ce le présent ou le passé ? Mais je la voulais, elle devait être aérienne presque diaphane, mais présente…. Une fois le tableau terminé, j’étais très contente de moi. Il me plaisait beaucoup, je peux le dire j’étais satisfaite. Dommage ! Je n’ai pas su aller assez loin pour qu’autour de moi on partage cette émotion. Que c’est difficile !

Pour le deuxième tableau, la forme et les couleurs étaient dans ma tête, je les voyais. Cela s’imposait. Dans ce cas le travail a vite avancé, j’étais sûre de moi, je ne tâtonnais pas. C’était comme si j’étais éprise de couleurs, j’étais un peu comme ivre. Les empâtements nécessaires, les ombres et la lumière jouaient de mon pinceau ou de ma spatule. J’adorais. J’avais l’impression que ma forme montait à n’en plus finir, la toile allait être trop petite ! Ce fût un moment délicieux. Le résultat était surprenant. J’étais vraiment satisfaite de moi ! Mais là encore ….

Après ces deux tableaux, je suis restée quelques temps sans peindre. Occupations, questions. J’arrêtai ou je continuai ? Alors, je me suis retranchée dans la facilité : j’étais occupée ! Puis, tout doucement je me penchai sur une toile, avec hésitations, comme si je débutai ; le doute
était là… Peut-être le moment de revenir à mes sources !
Un autre grand peintre qui me fait vibrer : Bram Van Velde. Combien de fois j’ai regardé son œuvre ? Toute sa souffrance se retrouve dans ses toiles. J’aime sa façon de peindre, son innocence à travers sa couleur. Ces degrés dans une même teinte ! Il utilise des nuances tellement difficiles à travailler et à faire apprécier, surtout en Provence ! Alors, de temps en temps, je parcours ses toiles. C’est comme si il me « boostait », et il m’arrive souvent de peindre en pensant à sa peinture. Alors avec mes moyens, j’essaie de faire apparaître dans ma peinture la lumière
et la transparence. Ces moments de doutes sont aussi l'occasion d'assouvir ma curiosité. Je n’hésite pas lorsque j’entends un nom de peintre à aller voir son travail, soit au musée, soit dans les livres ou sur internet.C’est ma façon d’avancer, n’ayant pas "étudié" l’histoire de l’Art, je compense par cette curiosité et ce besoin impérieux que j'ai de peindre, peindre souvent, le plus souvent possible.
Cela n'est pas très difficile : j’aime cela !